Ils [les rationnels] sont parmi les nombres réels comme des étoiles dans le
ciel pour illuminer le mystère du continu.
Émile Borel
Introduction aux notations.
- Le reste de 1337 divisé par 100 est 37, on dit que 1337 est congru à 37 modulo 100, on dit aussi que 1337 modulo 100 est égal à 37.
- Le reste de 2037 divisé par 100 est aussi égal à 37. On peut dire que 1337 et 2037 sont congrus modulo 100 ; ils ont le même reste dans la division par 100. On dit que 2037 modulo 100 est égal à 37.
- La différence 2037−1337 est égale à 700 qui est divisible par 100 ; c'est normal pour deux nombres qui sont congrus modulo 100.
Autres exemples
- 12 est congru à 5, modulo 7 ;
- 12 est congru à 3, modulo 9 ;
- 27 est congru à 12, modulo 15 ;
- 162 est congru à 12, modulo 15 ;
- 162 est congru à 27, modulo 15 ;
- 77 est congru à 0 modulo 7.
Exemple plus difficile.
En étudiant le dernier chiffre de 7n, nous avons remarqué que le résultat était commun pour certaines classes d'entiers :
- la classe des entiers n dont le reste dans une division par 4 est égal à 0, donnait un dernier chiffre pour 7n égal à 1.
- la classe des entiers n dont le reste dans une division par 4 est égal à 1, donnait un dernier chiffre pour 7n égal à 7.
- la classe des entiers n dont le reste dans une division par 4 est égal à 2, donnait un dernier chiffre pour 7n égal à 9.
- la classe des entiers n dont le reste dans une division par 4 est égal à 3, donnait un dernier chiffre pour 7n égal à 3.
Tous les entiers sont ainsi classés.
Dire que le dernier chiffre de M est c revient à dire que M modulo 10 est égal à c.
On écrira de manière plus succincte :
- Si n≡0(mod4), alors 7n≡1(mod10).
- Si n≡1(mod4), alors 7n≡7(mod10).
- Si n≡2(mod4), alors 7n≡9(mod10).
- Si n≡3(mod4), alors 7n≡3(mod10).
Soit m, a, b entiers dans Z.
On dit que a est congru à b modulo m, si m divise a−b.
On dit aussi que :
- a et b sont congrus modulo m ;
- a et b sont dans la même classe, modulo m.
On note avec l'une des deux notations :
- a≡b(modm) ;
- a≡b[m] ;
Dans ce cas, on a :
- m∣a−b ;
- ∃k∈Z, tel que a−b=km.
Dans le cas le plus fréquent m>0, on a :
- a et b ont le même reste dans la division euclidienne par m.
- Dans le cas contraire
- on écrit a≡b(modm), si a et b ne sont pas congrus modulo m.
Image mentale
- Il faut imaginer une roue avec les nombres de 0 à m−1 ; il y a m nombres.
- On fait tourner d'un certain nombre de crans en partant de 0, la roue qui s'arrête sur un nombre, peut importe le nombre de tours effectués avant. Par exemple, avec m=7, faire tourner de 55 crans conduit à finir sur le 6.
- Deux nombres congrus modulo m conduisent au même résidu modulo m ; au même point sur la roue.
Si a∈Z, et m∈N∗.
On appelle résidu de a modulo m, et on note a mod m, l'unique entier r∈[[0,m−1]] pour lequel a≡r(modm).
Pour a,b∈Z, on a donc :
a≡b(modm)⟺a mod m=b mod m
On a par exemple :
- 17 mod 5=2
Soit m, a, b entiers dans Z.
- a≡0(modm)⟺m∣a ;
- a≡b(modm)⟺−a≡−b(modm) ;
- a≡b(mod0)⟺a=b ;
- a≡b(mod1) est toujours vrai.
- 2 mis à part, un nombre premier est congru à 1 modulo 2.
- 2 et 3 mis à part, un nombre premier est congru à 1 ou −1 modulo 6.
Soit m∈Z, la congruence modulo m est une relation d'équivalence, en effet :
- Réflexivité : ∀a∈Z,a≡a(modm) ;
- Symétrie : ∀a,b∈Z,a≡b(modm)⟹b≡a(modm) ;
- Transitivité : ∀a,b,c∈Z, (a≡b(modm), et b≡c(modm)⟹a≡c(modm).
La congruence modulo m est compatible avec l'addition et la multiplication dans le sens suivant :
∀a,a′,b,b′,c,m∈Z et k∈N,
avec a≡a′(modm) et b≡b′(modm), on a :
- a+b≡a′+b′(modm) ;
- ab≡a′b′(modm) ;
- ac≡a′c(modm) ;
- ak≡a′k(modm).
Donc les règles de manipulation des congruences contiennent la plupart des règles de manipulations d’égalités entre entiers pour l’addition, la soustraction, et la multiplication.
Mais pour la division (et la simplification des congruences), c’est plus compliqué.
De plus, on a:
- Si d est un diviseur commun de a, b et m, alors
a≡b(modm)⟹da≡db(moddm)
- On peut faire de l'évaluation polynomiale modulaire de manière assez transparente. En effet, évaluer un polynôme se fait en enchaînant des additions et des multiplications.
- On utilise le calcul modulaire dans de nombreuses situations, en particulier lorsqu'on souhaite que le résultat d'un calcul reste contenu dans un intervalle, évitant donc les débordements. En effet, en informatique, avec certains langages, on ne peut pas travailler avec des entiers trop grands, il faut rester dans un intervalle !
- On verra comment reconstruire un entier lorsque l'on connaît plusieurs résidus avec des modulos variés. C'est un procédé très efficace.
- Les méthodes abordées ici avec les entiers seront généralisées plus tard dans vos études avec des polynômes ; le principe restera le même.
Diviser par un nombre, c'est multiplier par son inverse.
Encore faut-il que l'inverse existe.
Soit a,m∈Z, on dit que a est inversible modulo m,
s'il existe un entier a~∈Z tel que :
aa~≡1(modm).
On dit alors a~ est un inverse modulo m de a.
Pour a fixé, on construit la liste de tous les produits ab et on cherche si un résultat est congru modulo m.
- Démontrer que 3 est inversible modulo 5.
- Démontrer que 4 n'admet pas d'inverse modulo 6.
Faire un script qui trouve s'il existe un inverse de a modulo m.